Le théâtre, du rire aux larmes : Acte 2 avec Daniel Nasr

Second acte de la conférence Le théâtre, du rire aux larmes, animée par l’acteur et metteur en scène Daniel Nasr

Le 27 mai 2025, les membres du Lions Club Lavaux se sont retrouvés avec enthousiasme au Restaurant du Port de Pully pour le second acte de la conférence Le théâtre, du rire aux larmes, animée par l’acteur et metteur en scène Daniel Nasr. Après avoir exploré, lors d’un premier volet, les origines du théâtre en Grèce antique jusqu’à la Commedia dell’arte et aux grandes figures espagnoles, cette deuxième partie nous a plongés dans l’évolution moderne du théâtre européen à partir du XVIe siècle, à l’heure où les scènes quittent les temples pour s’inviter dans la sphère politique et sociale.

Du sacré au pouvoir : le théâtre devient politique

À partir de 1500, le théâtre cesse progressivement d’être lié exclusivement au divin. Il devient un outil d’observation, de critique – et parfois de subversion – des pouvoirs en place. Daniel Nasr a ouvert cette seconde partie avec l’avènement du théâtre élisabéthain, sous le règne d’Élisabeth I d’Angleterre. C’est dans ce contexte que s’impose William Shakespeare, l’un des plus grands dramaturges de tous les temps.

Ce qui distingue Shakespeare de ses contemporains, c’est sa liberté. À une époque où la dramaturgie obéit encore aux règles classiques héritées d’Aristote – les fameuses règles des trois unités (temps, lieu, action), de bienséance et de vraisemblance – Shakespeare s’en affranchit brillamment. Il mélange les registres, brouille les frontières entre tragédie et comédie, et place l’humain, dans toute sa complexité, au centre de son œuvre. Parmi ses pièces les plus célèbres : Hamlet (dont Le Roi Lion est très proche), Roméo et Juliette, Macbeth ou encore Le Songe d’une nuit d’été.

Le théâtre français : entre classicisme et satire

En France, le théâtre se développe dans un contexte très codifié, soutenu par des institutions comme l’Académie française, fondée en 1635 par le cardinal Richelieu, grand protecteur des arts. Ce dernier souhaite moraliser la langue et la littérature, imposant aux auteurs une rigueur formelle et un certain conformisme idéologique.

C’est dans ce cadre que s’illustrent deux géants de la tragédie classique : Pierre Corneille, avec Le Cid, et Jean Racine, maître de la tragédie psychologique (Phèdre, Andromaque). Tous deux respectent les règles des unités, de bienséance et de vraisemblance, offrant des œuvres d’une intensité dramatique et d’une grande élégance.

Mais c’est Jean-Baptiste Poquelin, plus connu sous le nom de Molière, qui bouleverse véritablement le paysage théâtral français. Protégé du roi Louis XIV, Molière brave la censure grâce à sa proximité avec le pouvoir. Tartuffe, satire féroce de l’hypocrisie religieuse, sera interdit deux fois avant d’être finalement autorisé par le roi. Son œuvre, mêlant comédie, critique sociale et profondeur humaine, reste d’une modernité saisissante.

Daniel Nasr a également évoqué Beaumarchais, auteur du Mariage de Figaro, qui annonce la Révolution française en posant la question des inégalités sociales avec audace, ainsi que Georges Feydeau, pionnier du vaudeville. Avec des œuvres comme Le Dindon, Feydeau s’impose comme le maître des situations absurdes, des quiproquos et des portes qui claquent.

Vers l’Est et l’avenir : le théâtre russe et contemporain

Le voyage proposé par Daniel Nasr s’est poursuivi avec une incursion dans le théâtre russe, où auteurs comme Anton Tchekhov (La Cerisaie, Oncle Vania) renouvellent l’approche dramatique par une exploration subtile des émotions humaines, du non-dit et de la mélancolie des temps modernes.

Enfin, la présentation s’est conclue avec le théâtre contemporain, plus éclaté, expérimental, et parfois engagé. Des auteurs comme Samuel Beckett, Eugène Ionesco, ou encore Sarah Kane sont évoqués comme figures majeures du XXe siècle, illustrant les nouvelles formes d’écriture dramatique, entre absurdité, minimalisme et dénonciation.

Une conclusion en ouverture

Ce second acte de la conférence Le théâtre, du rire aux larmes a permis de mesurer l’évolution incroyable du théâtre européen, reflet fidèle des grandes transformations sociales, politiques et philosophiques de notre histoire. Daniel Nasr, par son érudition vivante et passionnée, a su captiver l’auditoire et lui offrir un panorama éclairant et vibrant de cette aventure humaine unique qu’est le théâtre.

Un grand merci à lui, et vivement un acte 3 ?